La transplantation d’organes est une des grandes avancées de la médecine moderne ayant fourni une solution thérapeutique salvatrice aux patients en phase terminale et ayant une qualité de vie significativement altérée. Cette pratique consiste à prélever chirurgicalement un organe ou un tissu (tels que les reins, le foie, les poumons, le pancréas, le cœur, l’intestin grêle, la moelle osseuse, la cornée, la peau et les tissus d’organes reproducteurs) d’une personne (le donneur d’organe) et à le greffer à une autre personne (le receveur).
Cependant, l’accès à une transplantation appropriée respectant les exigences de sécurité, de qualité et d’efficacité du don et de la transplantation d’organes montre de grandes disparités entre les pays. Parmi les 103 pays exerçant la pratique de la transplantation d’organes, seulement 9,7 % d’entre eux ont atteint de bons résultats en matière de dons d’organes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans sa résolution WHA63.22 de mai 2010, a appelé les pays membres à collecter les données sur la sécurité, la qualité, l’efficacité et l’épidémiologie des pratiques de transplantation d’organes, de cellules et de tissus humains en soulignant l’importance de développer des registres dans ce domaine. La mise en place d’un registre mondial est un élément permettant d’accroître la transparence de l’activité de don et de contribuer à l’élimination du trafic d’organes et du tourisme de transplantation.
La pénurie grandissante d’organes est actuellement un problème majeur pour les programmes de transplantation dans le monde entier. Le nombre de patients candidats à la transplantation ne cesse d’augmenter, notamment en raison de l’amélioration des méthodes de diagnostic et de la meilleure prise en charge médicale des patients atteints de maladies chroniques, mais les organes disponibles ne suffisent pas à combler les besoins. De ce fait, le nombre de donneurs d’organes est resté relativement stable au cours des dix dernières années alors que plusieurs patients meurent en attente d’une transplantation. La Direction européenne de la qualité du médicament & des soins de santé, estime qu’en moyenne, 20 patients en attente d’une transplantation d’organe meurent chaque jour en Europe.
Les dernières statistiques données par l’OMS, ont montré que les transplantations d’organes et de tissus réalisées dans le monde en 2017 s’élèvent à 139 024 cas, soit une réalisation de 10% du besoin mondial exprimé en la matière. Ce sont les greffes de rein et de foie qui ont été les plus réalisées avec 65 % et 23 %, respectivement, du total des greffes.
En termes de distribution spatiale, les statistiques de l’OMS en 2016 ont enregistré que la Région des Amériques occupe le premier rang dans le classement des réalisations de transplantations avec 52 334 transplantations, suivie par la Région de la Méditerranée orientale avec 28980 transplantations, puis la Région du Pacifique occidental et la Région européenne marquant respectivement 21957 et 21620 transplantations. La Région de l’Asie du Sud-Est se trouvait à l’avant-dernier rang avec 8477 cas alors que la Région africaine n’a enregistré que 643 transplantations.
Dans ce sens, le Maroc a déployé de grands efforts dans le cadre du don et de la transplantation d’organes, mais il n’en est pas moins vrai qu’il reste encore beaucoup à faire. Sur le plan législatif, le Maroc s’efforce de renforcer son arsenal juridique et réglementaire pour relever les défis auxquels le système de santé national fait face en matière du don et greffe d’organes et de répondre aux besoins des patients en attente de greffe. Il s’agit de la loi n° 16-98 régissant le don, le prélèvement et la transplantation d’organes et de tissus humains. Cette loi définit deux modalités de don d’organes, celui effectué par une personne vivante et celui sur une personne décédée. Il est régi par trois grands principes : le consentement présumé, la gratuité du don et également l’anonymat entre le donneur et le receveur.
Sur le plan pratique, Il est important de souligner que le Maroc a été le premier pays du Maghreb à se pencher sur la question de la transplantation d’organes et de tissus. En effet, la première greffe de rein au Maghreb a été réalisée en 1985 au CHU Ibn Rochd de Casablanca.
Selon l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales, le Maroc n’a effectué que 630 greffes rénales, dont 60 à partir de sujets en état de mort encéphalique, soit environ 17 greffes par million d’habitants depuis 1990. Une analyse élémentaire des données statistiques disponibles relatives à la situation, montre que 610 greffes de rein ont été réalisées en 36 ans au Maroc grâce à près de 1 200 donneurs potentiels. Ces chiffres sont à la fois modestes en comparaison avec les pays développés et surtout par rapport à la demande croissante de greffes.
Malgré ces efforts, le Maroc reste encore loin des taux de transplantations enregistrées par les pays voisins comme la Tunisie qui a réalisé 6.5 transplantations (tous organes confondus) par million d’habitants contre 0,8 pour le Maroc juste avant la crise sanitaire de 2019. Il est également à constater qu’à ce jour, le nombre de transplantations rénales a considérablement baissé alors que des greffes de foie à partir de donneurs vivants (DV) n’ont pas été réalisées.
A la fois conscients et persuadés de la grande importance de la mission de l’Université et de la contribution indispensable de la recherche scientifique fondamentale et clinique, dans le domaine du don et de transplantation d’organes, le Laboratoire de Génie Biologique de la Faculté des Sciences et Technique de Béni Mellal en collaboration avec le Service d’Urologie de CHU Ibn Rochd de Casablanca organiseront, le 12 et 13 mai 2023 à la Faculté des Sciences et Techniques de Béni Mellal, le 1er symposium International sur cette thématique.
Des experts de renommée internationale issus de plusieurs pays participeront à ce symposium pour débattre l’état des lieux, les enjeux et les défis médico-techniques du don et de transplantation d’organes et de tissus à l’échelle nationale et internationale. Le symposium sera également pour les participants l’occasion de se pencher sur les nouvelles perspectives thérapeutiques innovantes dans ce domaine et aussi de mettre en évidence le rôle que jouera la recherche scientifique clinique et fondamentale dans la promotion et l’amélioration du domaine de la médecine de transplantation.